CHAPITRE XIV
THARSIS, MARS
Le hopper de Stavros Ouranis était conçu pour effectuer de courts trajets dans le ciel de Mars, pas pour parcourir les dix mille kilomètres qui séparaient Lowell City de Tharsis. Aux yeux d’Amanda, il ressemblait à un avion déformé. Composé de plastique ultraléger, il avait d’immenses ailes, nécessaires pour voler dans une atmosphère raréfiée, et un petit fuselage dont une grande partie était occupée par le réservoir de combustible et l’appareil de conversion de l’air. Tant l’air respirable que le moteur à réaction dépendaient d’un judicieux mélange d’oxygène liquide stocké et du C02 de l’atmosphère martienne. Malgré cela, ils auraient besoin de s’arrêter quelque part pour se réapprovisionner. Le hopper pouvait transporter un maximum de quatre personnes pas trop lourdes.
« Pour aller besoin de deux jours, dit Konstantin à Amanda, parce que…» Les mots anglais lui manquaient et il fit des gestes, des deux mains.
« Nous devons zigzaguer, dit Amanda, et Konstantin acquiesça d’un hochement de tête.
— Pour le combustible, vous savez. Splendide. »
Le premier jour, Amanda écouta les nouvelles en anglais. Faire le tri s’avérait difficile. L’amiral Pierce commandait maintenant le Conseil de la Défense de l’Alliance solaire ; cela au moins était clair. Mais certains endroits semblaient résister. Du moins selon les informations qui commençaient et se terminaient soudain, et réapparaissaient selon une fréquence imprévisible. D’autres bulletins disaient que toute la population du système solaire était soulagée de ne plus avoir Stefanak et que soit au pouvoir quelqu’un « qui a les intérêts du peuple à cœur, et la volonté de gagner cette terrible guerre ». Il se pouvait, mais peut-être pas, qu’il n’y ait eu aucun mouvement contre Pierce sur Terre. La Ceinture lui résistait d’une manière définitive, mais les stations spatiales et les avant-postes militaires de celle-ci avaient toujours compté parmi les supporters les plus fervents de Stefanak. Sauf qu’un autre bulletin annonça que « les éléments dissidents de la Ceinture avaient été identifiés et arrêtés », et que maintenant « des députés librement élus soutenaient pleinement les efforts de l’amiral Pierce pour concentrer le système solaire sur la victoire contre les Faucheurs ».
C’était très déroutant. Amanda écoutait la radio pendant des heures, tandis que Nikos volait jusqu’à une autre des petites cités sous dôme de Mars, atterrissait et franchissait le sas pour s’occuper du ravitaillement. Elle passait son temps à écouter les bulletins, mais Konstantin avait d’autres projets.
« Pas d’infos maintenant, Ah-man-dah », dit-il avec son merveilleux accent. Ils étaient seuls dans le hopper ; Nikos et Demetria étaient partis en quête de combustible et de nourriture. « Maintenant, parler à moi. » Il éteignit la radio.
Amanda pensa que c’était très impoli – il ne lui avait pas demandé la permission – mais il lui souriait et elle se surprit en train de lui rendre son sourire. Les dents de ce garçon semblaient encore plus blanches à côté de ses lèvres rouges et de sa peau d’un brun de miel.
« Nous trouver votre père », dit Constantin, et quand il le proclama, Amanda crut qu’ils le feraient. « Je penser beaucoup à votre père. À son travail. Regardez ! »
D’une chiquenaude, il alluma un petit portable et afficha un répertoire. Amanda vit une longue liste des articles de son père, à la fois en anglais et dans ce qu’elle supposa être du grec. « Regardez… votre père à l’Artefact Protecteur. Réglage du nombre premier un, déstabilisateur de faisceau dirigé, loi du carré inverse, courte portée, déstabilisateur des nombres atomiques supérieurs à soixante-quinze.
— Votre anglais est meilleur, Konstantin, lorsque vous parlez de physique.
— C’est physique. C’est votre père. Réglage du nombre premier deux, champ contre réglage un et réglage deux. Réglage du nombre premier trois, déstabilise, onde, loi du carré inverse, courte portée. Réglage du nombre premier cinq, champ protecteur une planète. C’est Artefact Protecteur. Réglage nombre premier sept, déstabilise une planète, nombres atomiques supérieurs à cinquante. Réglage du nombre premier onze, champs protecteurs un système étoile. Réglage du nombre premier treize, déstabilise un système étoile. Comme le véridien.
— Je sais cela », dit Amanda. Mais Konstantin n’en tint pas compte et continua à foncer.
— Deux artefacts protecteurs à un système étoile… détruire tissu de l’espace. Regardez ! » Il montra théâtralement du doigt le grec sur le bloc-notes, pur charabia pour Amanda. Au moins la moitié de la feuille semblait remplie d’équations.
« Konstantin, est-ce que vous me dites que vous comprenez les articles de mon père sur l’Artefact Protecteur ? Vraiment ?
— Je faire physique. Pas comme professeur Capelo. Petite physique. Je essayer… Regardez ! »
Il afficha autre chose sur l’écran, aussi incompréhensible pour Amanda. Mais elle pouvait lire sur le visage du jeune homme. « C’est votre travail ? Vous travaillez sur la même chose que mon père ?
— Petite physique, dit Konstantin d’un ton solennel, très petite. Les espaces de Calabi-Yau. Effondrements transitionnels. »
Amanda ne pouvait pas dire si « petite physique » voulait dire que sa physique était mineure ou qu’il travaillait au niveau quantique. Et elle n’avait aucun moyen de lire le mélange de grec et de mathématiques qu’il lui montrait du doigt, avec tant de fierté. Elle ignorait si son père avait déchiffré ce qui arrivait aux faisceaux protoniques lorsqu’ils frappaient un vaisseau faucheur équipé du champ disrupteur de faisceau.
Autant qu’Amanda le comprenait, la probabilité du chemin suivi par le faisceau était altérée, aussi disparaissait-il alors dans un espace de Calabi-Yau, où son énergie servait à opérer un effondrement transitionnel de la forme de cette minuscule dimension. Elle savait aussi que si les deux Artefacts Protecteurs, l’humain et le faucheur, se retrouvaient ensemble dans le même système solaire et que l’on déclenchait le réglage au nombre treize, le grand univers en trois dimensions subirait aussi un effondrement transitionnel. L’onde se déploierait à la vitesse de la lumière, modifiant toutes les particules fondamentales, et toute vie disparaîtrait. Amanda savait que son père l’avait prouvé mathématiquement. Mais c’était tout ce qu’elle savait.
Konstantin devait être le garçon le plus intelligent qu’elle ait jamais rencontré.
« Êtes-vous dans une école spéciale pour apprendre la physique ? demanda-t-elle timidement.
— Je aller à l’université pour physique. »
Un étudiant d’université ! « Êtes-vous en première année ?
— Oui. Première année par anglais, histoire, tout cela. Mais aller à l’université étudiants en licence de physique. Moi aller à professeur Claude Dupuis.
— J’ai entendu mon père prononcer ce nom. Il est célèbre.
— Votre père, oui. Nous trouver votre père. Près vous. Près moi aussi. Je rencontrer professeur Capelo.
— Oui, bien sûr, vous pouvez le rencontrer. Cela me ferait plaisir. » À son grand embarras, Amanda se sentit rougir.
« Vous très jolie, Ah-man-dah, dit gravement Konstantin. Je pouvoir embrasser vous ?
— Non !
— OK. Un jour, peut-être. J’aime vous très beaucoup.
— Eh bien, moi aussi, je vous aime bien », marmonna Amanda, très mal à l’aise. À son grand soulagement, Nikos et Demetria revinrent, se glissèrent dans le minuscule compartiment avec une boîte de nourriture chauffée, en faisant beaucoup de bruit.
C’était accompagné de chants, comme toujours. Elle ne savait pas pourquoi, mais dans ses rêves, les frères chantant le Saint Office sur Mars étaient toujours mêlés à l’enlèvement de son père sur Terre, si bien que lorsque le général Stefanak saisissait son père et le jetait dans la voiture noire, le plain-chant des matines remplissait l’air : Benedicite, Deo gratias… « Ne vous inquiétez, lui dit le Père Emil tandis qu’elle se tenait, figée, à la fenêtre de la chambre de son père. Dieu y pourvoira, ou sinon l’amiral Pierce le fera. » Et elle se tourna vers lui, pleine d’indignation en voyant que le sang jaillissait et éclaboussait le devant de la robe jaune de sa mère.
« Ah-man-dah, dit gentiment Konstantin. Ah-man-dah, arrêter dormir maintenant. Stop dormir. »
Elle se réveilla cramponnée à son bras. Nikos et Demetria ronflaient dans leurs sièges. À l’extérieur, le rose profond de l’aube éclairait le ciel. Le hopper sentait mauvais ; aucun d’eux n’avait quitté sa combinaison-s depuis deux jours. « Où… où sommes-nous ?
— Nous à Tharsis, répondit Konstantin en souriant. Au soir nous arriver. Vous dormir. Regardez ! »
Il lui montra l’horizon. Amanda vit un grand miroitement de métal : les étais d’un dôme. Ils étaient garés sur le spatioport de Tharsis. Tante Kristen était là, et oncle Martin, et ils sauraient ce qu’elle devait faire ensuite. Les adultes se chargeraient de nouveau de la situation.
« Pas pleurer, Ah-man-dah.
— Je ne pleure jamais !
— Femmes pleurer, dit Konstantin avec une grande autorité. Hommes non. »
Elle lui jeta un regard mauvais et se leva. « Pouvons-nous partir tout de suite ? Allez-vous réveiller Nikos et Demetria ?
— Nikos pas aller à côté vous et moi. Eux ici. Père de Nikos veut hopper. Très colère. Lui venir à Tharsis.
— Et Demetria ?
— Demetria venir à côté moi, proféra Konstantin, l’air scandalisé. Elle pas rester ici seule à côté Nikos ! »
Amanda prit son casque. Si le père de Nikos arrivait, elle préférait ne pas être là. Konstantin avait envoyé un appel radio à son père, deux jours auparavant, pour lui annoncer que sa sœur et lui étaient sains et saufs. Amanda ne comprit pas la conversation, mais le ton de Konstantin était plein d’affection.
Pourtant, cela lui semblait bizarre que le père de Konstantin laisse celui-ci errer sur Mars avec sa sœur, même s’il avait dix-huit ans. Papa n’aurait jamais permis cela. Et puis, il y avait le père de Nikos, furieux à propos du hopper, mais Konstantin n’avait pas dit qu’il était inquiet à propos de son fils. C’était très bizarre. Il y avait plus de gens bizarres dans le monde qu’elle ne l’avait soupçonné avant que cette épouvantable chose lui arrive.
Konstantin réveilla Demetria, qui protesta furieusement. Son frère la fit taire d’un mot cinglant. Pourquoi devait-il commander alors que Demetria n’était qu’un peu plus jeune que lui, juste parce qu’il était un garçon ? Amanda décida de ne pas lui poser la question, même si elle pouvait trouver des mots anglais que Konstantin comprendrait.
Tous trois franchirent le sas pour poser le pied sur la plaine que baignait l’aube. Le soleil venait juste de paraître à l’horizon, il se découpait nettement dans l’air raréfié. Ils attrapèrent une navette qui les mena à Tharsis, où des soldats leur demandèrent leurs passeports. Amanda avait déjà montré à Konstantin les faux papiers que les gens de Vivre Maintenant lui avaient donnés… quand ? Il y avait seulement quelques mois, même si cela semblait être des années auparavant. Salah et Lucy et les autres n’apparaissaient plus jamais dans ses rêves, seulement frère Emil et les bons frères bénédictins. Frère Meissel… Non, n’y pense pas. Pense plutôt à tante Kristen et à un bain chaud.
« Nous trouver votre tante ? demanda Konstantin, une fois à l’intérieur du dôme. Où ? »
Tharsis était bien plus petit que les dômes auxiliaires de Lowell City. Il n’y avait pas de traîneaux. Les rues partant des quatre portes se rejoignaient sur la place centrale. L’appartement de tante Kristen et d’oncle Martin était à la périphérie, au troisième étage du plus ancien bâtiment de la ville. De là, on avait une vue spectaculaire. Cependant, l’immeuble n’était pas près de cette porte, mais de celle se trouvant à l’autre bout du dôme. Même à cette heure matinale, des gens se hâtaient dans les rues étroites. Amanda n’avait pas envie d’être reconnue.
« Venez par là », dit-elle à Konstantin et elle le prit par la main. Elle les conduisit par le boulevard circulaire jusqu’à l’arrière de l’immeuble. Le minuscule ascenseur – les escaliers prenaient trop de place – les emporta jusqu’au troisième étage. Amanda frappa à la porte.
Durant une brève seconde, elle s’attendit à entendre le « Deo gratias » de frère Meissel. Mais cela, elle ne l’entendrait plus jamais.
« Votre oncle pas avoir système domotique ? » dit Konstantin.
Bien sûr que si. Amanda était désorientée, après des semaines passées dans l’abbaye, qui en était dépourvue. Elle dit : « Système, ouvre la porte. C’est Amanda Capelo. Vérifie la voix.
— Bonjour, Amanda », répondit le système, et il ouvrit la porte.
Oncle Martin, petit dormeur, avait dû entendre frapper. Il se hâta hors de la chambre, en nouant la ceinture de sa robe de chambre, et s’arrêta net. « Oh, mon Dieu !
— Martin ? Qu’est-ce qu’il y a ? » Tante Kristen se précipita, puis cria : « Amanda ! Oh, Amanda ! » Elle la serra dans ses bras, de toutes ses forces, puis l’éloigna d’elle pour voir si c’était vraiment vrai, et l’étreignit de nouveau. « Amanda ! » Tante Kristen éclata en sanglots.
Elle ressemblait tellement à Papa. Le même visage mince et brun. Amanda sentit sa poitrine se resserrer.
« Amanda, Tom est avec toi ? demanda oncle Martin. Qu’est-il arrivé ? D’où viens-tu ? »
Konstantin répondit. « Le professeur Capelo pas être ici, non. Moi, amener Amanda. »
Oncle Martin le regarda fixement. « Qui êtes-vous ?
— Konstantin Ouranis.
— Ouranis ? Attendez… vous êtes le gamin qui essayait constamment d’entrer en contact avec Tom au sujet de la physique. Et puis, vous avez envoyé un message disant que vous veniez ici, sur Mars, pour voir Kris.
— La physique, oui. Splendide. Ma sœur, Demetria. » La jeune fille salua d’un gracieux signe de tête.
« Amanda, dit oncle Martin avec son calme habituel, je t’en prie, raconte-nous ce qui s’est passé. »
Amanda avait fini de les embrasser. Maintenant, elle s’inquiétait car elle sentait probablement mauvais. Elle n’avait pas pris de douche depuis trois jours ! Bien sûr, son oncle et sa tante étaient trop polis pour dire quelque chose, mais… Elle essaya d’oublier cela et se concentra sur ce qui était arrivé. Il y avait tant à dire.
« Commence par ce qui est arrivé le soir de l’enlèvement, suggéra l’oncle.
— Martin, laisse-moi au moins leur offrir d’abord un peu de café », dit tante Kristen.
Demetria, pour la première et dernière fois en présence d’Amanda, reconnut un mot anglais. « Café ! » cria-t-elle, d’un air si extasié que Konstantin fronça les sourcils et qu’Amanda, contre toute raison, éclata de rire.
Du café, du gâteau, et des explications. Lorsque Amanda eut terminé de dire à sa tante et à son oncle tout ce qui était arrivé, elle n’avait plus de voix. Tante Kristen lui tenait la main. Oh, que c’était bon d’être là.
« Alors, tu as pensé que, puisque le général Stefanak n’était plus au pouvoir, et qu’il avait peut-être enlevé ton père – peut-être, n’oublie pas – tu pouvais sortir de ta cachette et venir ici.
— Oui, répondit Amanda, mais quelque chose dans la voix de son oncle l’avait soudain mise mal à l’aise. Je me suis trompée.
— Je l’ignore. Ces temps-ci, les choses sont très imprévisibles. Il est certain que l’arrivée au pouvoir de l’amiral Pierce n’a pas encore provoqué la libération de ton père. Amanda, il y a des amis à nous chez lesquels, je pense, tu ferais mieux de rester jusqu’à ce que…
— Des visiteurs, annonça le système de la maison. Des soldats du Conseil de la Défense de l’Alliance solaire. Ils demandent à être immédiatement reçus.
— Oh, mon Dieu ! s’exclama tante Kristen. Martin, dis-leur qu’elle n’est pas ici !
— Je ne crois pas que cela changera les choses », répondit-il calmement.
En effet. La porte s’ouvrit pour les trois soldats. Deux d’entre eux traversèrent rapidement l’appartement pour venir se porter de chaque côté d’Amanda. Le troisième, un officier, dit à oncle Martin : « Professeur Blumberg, je suis le commandant Harper, du CDAS. Il y a un quart d’heure, votre nièce, Amanda Capelo, est entrée dans cette résidence.
— Oui.
— Je suppose que son arrivée n’était pas prévue.
— Non. De quoi s’agit-il, commandant ?
— Est-ce la première fois que vous voyez mademoiselle Capelo depuis sa disparition, le soir du second avril, sur Terre ?
— Je pense que vous le savez déjà, répliqua tranquillement oncle Martin. En quoi ma nièce vous concerne-t-elle, commandant ?
— L’amiral Pierce désire vous faire savoir combien il se félicite que mademoiselle Capelo soit saine et sauve. Savez-vous où se trouve son père, le professeur Thomas Capelo ?
— Non. Et Amanda non plus.
— L’amiral Pierce souhaite parler avec elle. Il m’a donné l’ordre de l’accompagner à Lowell City.
— Mais j’en viens à l’instant ! » cria Amanda. Elle était sortie de la cuisine en entendant prononcer son nom.
« Bonjour, mademoiselle Capelo, dit courtoisement le commandant Harper. Vous devez venir avec nous.
— Non ! Certainement pas ! Où est mon père ?
— Nous espérons que vous serez capable de nous aider à déterminer cela, dit-il, et même l’oncle Martin parut surpris.
« Vous voulez dire, cria Amanda, que vous ne savez pas où est mon Père ?
— Mademoiselle Capelo, répondit patiemment le commandant Harper, la situation est complexe et je n’ai pas le droit de discuter de cela ici avec vous. »
Amanda releva le menton. « Je veux que ma tante et mon oncle viennent avec moi.
— Certainement, si vous préférez cela. »
Cela aussi les surprit. Amanda, décida de pousser plus loin. « Et Konstantin aussi. Il est… il est physicien. »
Le commandant Harper prit un air sceptique. Konstantin s’avança. « Konstantin Ouranis. Mon père est Stavros Ouranis. Je suis à côté de Ah-man-dah.
— Stavros Ouranis ? » Une lueur éclaira les yeux du commandant. « Sait-il que vous êtes ici ?
— Oui, oui. Tout OK à lui.
— Mais… monsieur Ouranis, je suis désolé, mais mes ordres ne vous concernent pas. »
Konstantin se renfrogna. Amanda vit qu’il n’avait pas l’habitude qu’on lui dise « non ». Le commandant Harper prit Amanda par le coude ; elle fut emmenée avant de savoir ce qui lui arrivait. « Mais… il faut d’abord que je prenne un bain !
— Je regrette, mais ce n’est pas possible », dit l’officier ; mais il permit à oncle Martin et à tante Kristen de changer, en tout hâte, leurs vêtements de nuit pour des salopettes. Amanda dit à Konstantin : « Restez ici, Konstantin. Je suis sûre que cela ne dérange pas mon oncle et ma tante. Je reviendrai aussi vite que… commandant, combien de temps vais-je rester à Lowell City ? »
L’officier se contenta de sourire.
« Bon, restez ici avec Demetria, d’accord ?
— Splendide », répondit Konstantin qui lui adressa son sourire aux dents blanches et lui toucha le bras. Une fois encore, Amanda fut ennuyée en pensant à son odeur. Oh, elle avait envie d’un bain !
Le commandant Harper et ses soldats l’entraînèrent vers l’ascenseur, et ils retournèrent à Lowell City.